Ma première sculpture cinétique et sonore a pris forme dans le cadre du cours de sculpture à l’Université Laval.
Le projet consistait à concrétiser un espace réel : « l’expérience sur laquelle cela ouvre dépend d’une relation, ou d’une rencontre, de deux réalités pour en faire une autre de type objet/espace, l’espace pensé en termes d’objet et inversement ».
NAYLOR, David. Automne 2011. « Projet 1 ». Sculptural 1. Lieu : Université Laval
À mon sens, la manière la plus illustrative de répondre à cet énoncé aurait été de mouler le vide (l’intérieur) d’un objet, tel qu’un vase. De la sorte, l’espace vide deviendrait objet et inversement. Souhaitant explorer cette avenue tout en cherchant à m’en éloigner, je me suis intéressé à l’intérieur d’un objet usuel, soit le mécanisme d’une essoreuse à salade. Je souhaitais transposer son mécanisme dans l’espace, le déployer afin d’y intégrer d’autres notions qui étaient à mon avis indissociables de la notion d’espace, soit la lumière (élément qui permet de moduler notre perception de l’espace visible), le mouvement et conséquemment le temps.
La structure fut conçue avec des matériaux que j’avais sous la main, comme des retailles de bois et de contreplaqué, récupérées depuis les ateliers communs. Ce qui donna forme à un assemblage irrégulier, dont l’intention formelle initiale a dû s’adapter aux matériaux disponibles. Voulant éviter de me mettre en scène pour mettre l’assemblage en mouvement, j’ai recherché un moyen d’activer la structure par elle-même. Dans la circonstance, deux perceuses m’ont permis de mettre en mouvement l’installation en fixant un ty-rap sur le bouton pression afin de contrôler « hasardeusement » la vitesse. De là, quelques effets insoupçonnés, tels que les irrégularités des mouvements et des sons, ont éveillé mon intérêt. Puis, le résultat de cette exploration se distançait grandement de mon intention initiale. En plus, l’imprécision de l’assemblage ainsi que la brutalité des mouvements et des sons nourrissaient l’intuition qu’un événement inattendu pouvait survenir. Ainsi, j’avais l’impression que mon installation était autonome et dissociée de moi, inachevée, pouvant potentiellement engendrer ses propres événements.